À toutes et à tous les étudiants de McGill,
Le 10 juillet 2019, le gouverneur d’Hawaï a annoncé le début des travaux de construction du télescope de trente mètres (TMT), qui doit être construit au sommet du Mauna Kea, un site sacré pour les Hawaïens autochtones Kanaka Maoli. Le 15 juillet, un groupe de kūpuna (anciens) a formé un barrage devant la route d’accès menant au Mauna Kea. Sept autres manifestants se sont enchaînés à des passages canadiens plus loin sur la route. Deux jours plus tard, 33 des kūpuna ont été arrêtés et placés en garde à vue.
« C’est tout ce qu’il nous reste, donc nous n’allons pas bouger », a déclaré l’ancien militant Walter Ritte, qui était l’un des kūpuna arrêtés. « Ils vont devoir continuer à nous arrêter — et nous reviendrons tout de suite. La montagne nous représente, nous tous, les Hawaïens, donc nous n’allons pas les laisser prendre notre montagne. (…) Nous n’allons pas la quitter. » (Article original)
Depuis les arrestations, les manifestants pacifiques n’ont fait que croître en nombre. Le 19 juillet, le gouverneur a décrété l’état d’urgence, accordant des pouvoirs accrus à la police locale et autorisant l’intervention de la Garde nationale. Bien que la proclamation d’urgence ait depuis été annulée, son utilisation est condamnable à tout le moins.
Pour un grand nombre de Kanaka, le Mauna Kea symbolise un lien sacré avec leurs ancêtres et sert de source nécessaire d’eau douce. Selon Noelani Goodyear-Kaʻōpua, « C’est aussi le foyer de [leurs] divinités qui s’incarnent dans les différentes formes d’eau ». En outre, comme l’indiquaient les excuses présentées par le Congrès en 1993, les terres sur lesquelles le TMT doit actuellement être construit n’ont jamais été cédées par consensus au gouvernement américain.
L’AÉUM est solidaire sans équivoque des manifestants pacifiques du Mauna Kea, dont beaucoup sont des Kanaka Maoli. Nous reconnaissons leur droit légitime à la terre et appuyons sans réserve leurs efforts pour arrêter la construction du TMT. Enfin, nous célébrons l’incroyable succès des manifestants : début août, un permis a été déposé pour un autre site du TMT aux îles Canaries, et la date de début de la construction initiale a donc été reportée de deux ans. Cette lutte n’est pas contre le progrès scientifique, mais plutôt contre la priorité accordée aux connaissances et aux efforts occidentaux sur les droits souverains des peuples autochtones. Dans cette résistance continue, les victoires remportées par les manifestants du Mauna Kea sont incroyablement inspirantes.
Par son adhésion à l’Association des universités canadiennes pour la recherche en astrophysique (ACURA), qui finance actuellement 15 % du TMT de 1,4 milliard de dollars, l’Université McGill est complice de sa construction et, par conséquent, de la destruction proposée des terres sacrées du Mauna Kea. L’AÉUM s’engage à tenir responsables ceux qui sont complices de la perpétuation de l’héritage colonial et nous demandons donc à McGill d’appuyer publiquement le déplacement du télescope hors du Mauna Kea.
L’équipe exécutive de l’AÉUM,
Madeline Wilson/Vice-présidente (Affaires universitaires)
Adam Gwiazda-Amsel/Vice-président (Affaires externes)
Sanchi Bhalla/Vice-présidente (Affaires internes)
Sam Haward/Vice-président (Finance)
Bryan Buraga/Président
Billy Kawasaki/Vice-président (Vie étudiante)