Chers/chères membres de l’AÉUM,
Dernièrement, le ministre de l’immigration, de la francisation et de l’intégration du gouvernement de Coalition Avenir Québec (CAQ) Simon Jolin-Barrette, a annoncé des propositions de réforme visant le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), un programme d’immigration populaire qui permet aux étudiantes et étudiants internationaux et aux travailleuses et travailleurs migrants temporaires déjà installés au Québec, d’obtenir plus rapidement le statut de résident permanent au Canada. Grâce au PEQ, les étudiants étrangers diplômés détenant un permis de travail post-diplôme, peuvent recevoir le Certificat de sélection du Québec (CSQ) — qui est un document nécessaire pour obtenir la résidence permanente — souvent, en aussi peu que 20 jours ouvrables. En 2019, 86% de tous les CSQ ont été émis de cette façon. Sans le CSQ, ce processus peut prendre plusieurs mois.
Cependant, selon les nouvelles réformes, les étudiant·e·s universitaires de l’extérieur du pays devront maintenant accumuler un minimum de 12 mois d’expérience de travail à temps plein au Québec après avoir obtenu leur diplôme, afin d’être admissibles au PEQ. Les réformes citent que seules les professions des catégories 0, A et B définies dans la Matrice de la classification nationale des professions, seront admissibles, en excluant les professions du secteur de la restauration et les employés de bureaux généraux. Par contre, en vertu du PEQ actuel, il n’est pas nécessaire d’avoir une expérience de travail. De plus, les nouvelles exigences s’appliqueraient à tous les nouveaux/elles candidat·e·s au PEQ, y compris ceux qui vivent déjà au Québec. On prévoit maintenant que la nouvelle période de traitement pour obtenir un CSQ, par les demandes au PEQ, passera de 20 jours à 6 mois, afin d’harmoniser le programme avec le Programme des travailleurs qualifiés du Québec. Ce délai supplémentaire viendrait s’ajouter aux 22 mois habituels que nécessite le traitement des demandes de résidence permanente par le gouvernement fédéral. Pour les étudiant·e·s de deuxième et troisième cycles, pour lesquels le délai de grâce pour la procuration des visas d’étudiant est considérablement plus court, ces réformes élimineront la possibilité de résidence permanente — il s’agit d’un processus véritablement « non-starter » selon les termes du vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante) de McGill, Fabrice Labeau.
Ainsi, l’AÉUM s’oppose aux réformes apportées au PEQ dans leur ensemble, et les dénonce avec la plus grande fermeté. En imposant les critères d’admissibilité des candidatures au PEQ à 12 mois d’expérience de travail à temps plein, ainsi qu’en réduisant les professions qualifiées admissibles, ces nouvelles réformes créent des obstacles socio-économiques inutiles à l’obtention du statut permanent au Québec, notamment en discriminant les candidates et candidats étant les moins en mesure de travailler à temps plein. En ne prévoyant aucune protection pour les étudiant·e·s et les travailleurs/euses internationaux/ales déjà présent·e·s au Québec — dont un grand nombre s’est déjà installé dans la province sur base de l’accessibilité actuelle du PEQ — le gouvernement du Québec a plongé dans l’incertitude la situation de bon nombre de ses résident·e·s. Plus encore, introduire ces réformes en plein milieu d’une urgence de santé publique et de répercussions économiques difficiles, est inqualifiable et cruel. Enfin, en imposant des critères d’admissibilité plus sévères et plus compliqués que ceux des autres provinces, ces propositions de réforme rendent le Québec incroyablement peu attrayant pour les étudiant·e·s et les travailleurs/euses étrangers/ères potentiel·le·s, ce qui décourage l’immigration dans la province.
En résumé, les réformes proposées au PEQ sont inéquitables, injustes, autodestructrices mais néanmoins consistantes avec l’agenda politique xénophobe du gouvernement CAQ, qui a été démontré de façon évidente par l’adoption du projet de loi 21 tout juste il y a un an. Elles font preuve d’un mépris total pour la vie et le gagne-pain de la communauté étudiante étrangère qui doivent payer des frais de scolarité exorbitants et dérèglementés. Elles méprisent également les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires, en particulier celles et ceux des niveaux professionnels C et D — dont le travail est maintenant reconnu comme étant essentiel — et qui sont à la base de la stabilité économique du Québec. En termes simples, les réformes proposées sont conçues pour priver les travailleurs/euses et étudiant·e·s étrangers/ères de possibilités de travail et de revenus, tout en entravant leur permanence dans la province.
Nous invitons l’administration de l’Université McGill à se joindre à nous pour soutenir ses plus de 12 000 étudiantes et étudiants internationaux, en s’opposant publiquement aux réformes proposées, tout comme elle l’a fait en novembre dernier, ainsi qu’en exigeant avec insistance, leur retrait immédiat et complet. Pour sa part, l’AÉUM s’engage auprès de la communauté à aider à organiser une large opposition aux réformes au PEQ et aux politiques xénophobes de la CAQ. Pour ce faire, nous vous invitons à la Manifestation à distance physique devant l’Assemblée nationale du Québec le 10 juin, ainsi qu’au Sit-in accompagné d’un point de presse à Montréal le 16 juin, qui marquera une année entière depuis l’adoption du projet de loi 21. Alors que les réformes envisagées au PEQ entravent davantage l’accès équitable à l’immigration pour les individus sans statut, nous vous encourageons à vous joindre à nous en signant la pétition de Solidarité sans frontières, qui exige que le gouvernement fédéral procède à la régularisation du statut de toutes les personnes qui vivent au Canada sans statut, et que ces dernières soient incluses dans ces mesures gouvernementales, sans exception. Vous trouverez des mises à jour plus régulières relatives aux efforts de syndicalisation de l’AÉUM à ce sujet sur la page Facebook du Bureau des affaires externes.
Signé,
Jemark Earle / Président | president@ssmu.ca
Brooklyn Frizzle / Vice-président·e (Affaires universitaires) | ua@ssmu.ca
Ayo Ogunremi / Vice-président (Affaires externes) | external@ssmu.ca
Gifford Marpole / Vice-président (Finances) | finance@ssmu.ca
Maheen Akter / Vice-présidente (Vie étudiante) | studentlife@ssmu.ca